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Publié le 20/01/2023Télécharger la version pdf



Mieux comprendre les adventices et les moyens de lutte
pour gérer l'enherbement en ACS

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Les questions de gestion des adventices sont au cœur des réflexions des agriculteurs en ACS.  L’approche système est indispensable pour trouver les clés de réussite d'une ACS qui limitent son recours aux herbicides. L'APAD est très impliquée sur ces questions avec les collectifs d’agriculteurs et les APAD des Hauts de France ont choisi de creuser ce sujet en novembre 2022.  Ils ont accueilli Bruno Chauvel, chargé de recherche à l’INRAE de Dijon, au sein de l’UMR Agroécologie, et spécialiste de la biologie des adventices (et notamment du vulpin) et Pierre Huet, conseil agronome indépendant. Les objectifs ? Comprendre l’état des connaissances actuelles de la recherche sur le sujet, rappeler les leviers d’action à disposition des agriculteurs et échanger sur les enjeux à venir.
Après en avoir fait un compte rendu, 3 agriculteurs témoignent de leurs pratiques pour gérer au mieux les vivaces et dicotylédones.




En amont de cette journée technique dans les Hauts de France, un questionnaire a permis d’établir la situation des participants. En voici une synthèse :


Citez les couples "Mauvaise herbe – culture" qui vous causent le plus de problèmes agronomiques

Pour la culture du blé : vulpins, chardons, ray grass, chiendent, brome, coquelicot, rumex
Pour l'escourgeon : vulpins
Pour le colza : ray grass, sanve, vulpins
Pour les betteraves et le tournesol : chénopodes


Quels problèmes vous posent les mauvaises herbes ?

Concurrence, perte de rendement, difficulté à l'implantation ou à la récolte des cultures, des rotations à adapter complètement pour limiter leur nuisibilité (quid de la rentabilité de ces rotations ?)


D'après vous, quels services fournissent les mauvaises herbes de vos parcelles ?

Couverture du sol
Structuration du sol
Plantes indicatrices de l'état de santé du sol
Travail du sol par les racines
Nourriture des auxiliaires/Biodiversité




Comprendre la biologie des adventices

Il existe en France aux alentours de 1200 espèces de plantes adventices, dont une centaine est protégée. Un cinquième de ces espèces se retrouvent dans les parcelles agricoles. La majorité de ces adventices en France (60-80%) sont des plantes annuelles et herbacées. Bien que les stocks de graines dans les sols agricoles soient importants, les adventices ne sont nommées ainsi qu’à partir du moment où elles germent car dès lors, elles représentent une potentielle menace.
Les adventices, germant principalement dans les 1ers centimètres du sol, sont rapidement détruites par des pratiques culturales impliquant un travail du sol quand les semences ont une durée de vie courte (< 3 ans).
Bien qu’aucun agriculteur ne puisse nier la nuisibilité des adventices pour les rendements, aucune étude au niveau national n’a permis de quantifier précisément les impacts directs réels, en dépit des enjeux. De la même manière, si nous savons que les adventices jouent un rôle en termes de biodiversité, de limitation de l’érosion, nous n’avons pas de chiffres. Il n’y a, par exemple, pas d’études sur l’intérêt des coquelicots sur les populations d’abeilles et les polinisateurs. Nous n’avons pas non plus de recul quant à leur rôle global dans les systèmes d’agro-paysage.
Les adventices les plus problématiques sont ainsi celles qui germent dans les premiers centimètres du sol et qui produisent beaucoup de graines, permettant aux populations de s’adapter rapidement aux changements de l’environnement.
La période de germination des adventices peut être plus ou moins longue ; certaines s’adaptent à leurs conditions en allongeant cette période, et il convient d’intervenir plusieurs fois dans la lutte.
Certaines vivaces peuvent se développer malgré les différents types et passages de désherbage car leur développement continue après les derniers passages grâce à leurs rhizomes. C’est notamment le cas du rumex, des laiterons et chardons dans les betteraves.  A ce propos, le laiteron pose de plus en plus de problème avec la quasi disparition des épisodes de gel et de certains herbicides qui les contrôlaient (sans les cibler).


Des changements de flore lors du passage en ACS ?

L’évolution des populations d’adventices est liée à des processus de sélection conditionnés par les pratiques culturales des agriculteurs. Sachant que la plupart des adventices germent dans les premiers centimètres, le travail du sol a toujours été une clé pour diminuer la pression en diluant les semences sur tout l’horizon de travail. Ainsi, les chercheurs ont commencé par émettre l’hypothèse que les populations d’adventices, concentrées en surface en ACS, exploseraient lors d’une transition vers ces pratiques : ce n’est pourtant pas ce qu’ils ont observé chez les agriculteurs.
En réalité, il semblerait que les semences laissées en surface soient exposées aux prédateurs et aux facteurs biotiques comme le gel, la pluie et le vent, mais là encore, nous ne sommes pas capables d’avancer des chiffres.
Si pendant les cinq premières années après la transition vers l’ACS, la communauté de la flore adventice est représentative du stock grainier accumulé par les techniques antérieures, la flore adventice spécifique à l’ACS apparaît semble-t-il après 10 années de pratique de l’ACS.
Par ailleurs, les observations montrent que lors du passage en ACS, le nombre d’espèces présentes sur les parcelles augmente mais pour chacune d’elle, la densité de population reste faible. En moyenne, une espèce adventice s’ajoute tous les deux ans après la transition. De plus, avec le temps (on parle d’une dizaine d’années), les différentes populations d’adventices s’homogénéisent sur l’ensemble des parcelles. A terme, toutes les parcelles tendent à obtenir des types de population équivalents. Cette observation s’explique peut-être par le fait que l’ACS favorise des espèces avec un Taux Annuel de Décroissance des semences (c’est-à-dire un pourcentage de graines qui disparaissent d'une année sur l'autre) élevé.

Le suivi de 62 parcelles en ACS dans l’Est de la France pendant 3 ans a également montré que le nombre d’espèces à grosses graines, à floraison estivale et sciaphiles (qui sont capable de se développer à l’ombre) est plus nombreux que sur des parcelles en conventionnel.
Ces populations s’adaptent aux pratiques culturales pour sélectionner principalement des cultures annuelles. On remarque notamment le développement d’adventices printanières comme le chénopode car l’arrêt du labour supprime la cassure nette qui existait entre les populations d’hiver et de printemps. Le vulpin, le chardon des champs ou encore le pissenlit sont également des espèces fréquemment retrouvées sur les sols en ACS. Bien que la présence du vulpin diminue et peut même parfois disparaître des radars après dix années de pratique. Aussi, il faut noter que beaucoup d'espèces observées en parcelles sont originaires des bords de parcelles… comme les essences d’arbres par exemple même si ce ne sont pas les plus problématiques.


Le cas spécifique des graminées d’automne : vulpins et ray grass

Pour Pierre Huet, conseiller agronome indépendant, une réelle évolution des problématiques de gestion de l’enherbement est en cours et ce, quel que soit le type de pratiques culturales. D’après lui, les facteurs de cette évolution sont nombreux :


  • Systématisation et dépendance à la chimie
  • Arrêt de l’élevage entrainant une modification des assolements avec davantage de cultures d’automne
  • Changement climatique 
  • Apparition et développement des résistances aux herbicides
  • Arrêt progressif des substances actives (IPU / Flurtamone / Atrazine)


Pour Bruno Chauvel, qui a travaillé de nombreuses années sur la question du vulpin, ce n’est pas la plus difficile à gérer. En effet, elle dispose d’un fort taux annuel de décroissance (au bout de 3 ans, seul un faible pourcentage de graines reste viable) dont il faut user à son avantage. 


►    Dans les systèmes d’élevage, les fauches de méteil, luzerne… juste avant floraison du vulpin sont suffisantes pour faire chuter les populations car le vulpin ne reprend pas comme peut le faire le raygrass, sauf si ce dernier est fauché trop tôt dans son cycle.


Quand l’infestation est trop importante, Bruno Chauvel estime qu’« il n’y a pas de pratiques qui marchent si on ne bloque pas la plante ». Ainsi, il peut s’avérer nécessaire d’orienter toute sa stratégie autour de la gestion des parcelles problématiques en dépit parfois de bénéfices économiques pendant 2 années. 
Sur la question du développement important des populations de ray-grass récemment, le chercheur fait le constat que les connaissances sont sans doute insuffisantes, une espèce prairiale en est sans doute à l’origine, mais on en connaît peu la biologie. Le ray-grass germe toute l'année, la lutte par la rotation est moins efficace. Par contre, ce que l’on constate, c’est la rapidité à laquelle certaines souches sont devenues résistantes aux herbicides, d’abord aux Fop/Dime qui n’ont duré que 10 ans, puis aux ALS qui devraient tenir plus longtemps.
Ainsi, l’introduction de ray-grass hybride dans un système est dangereuse si sa gestion ne dépend pas de la période de grenaison, d’autant plus avec la disparition progressive et régulière des herbicides.
Si les fauches peuvent être intéressantes pour les vulpins et RG à floraison pour éviter la dissémination des graines, ce n’est pas le cas de toutes les adventices. Chez certaines amarantes et chez les chénopodes, les graines continuent de mâturer une fois au sol ! Il est aussi conseillé de sortir le ray-grass de la parcelle si une fauche est réalisée, car il existe des doutes quant à la capacité de ces graines à repartir.


Les leviers de gestion de l’enherbement

Sachant qu’aucune nouvelle matière active antigraminées n’est en cours de développement, que beaucoup des produits actuellement sur le marché sont remis en question et que la systémisation de la chimie est d’après Pierre Huet à l’origine des problématiques actuelles de désherbage, il recommande d’optimiser son recours aux herbicides et de mettre en œuvre d’autres leviers :


• En décalant ses dates de semis, en se renseignant sur la biologie des adventices problématiques sur ses parcelles ou en allongeant sa rotation par exemple
• Mais aussi en alternant les modes d’action ;


Cela présente l’avantage de diminuer grandement le risque d’apparition de résistance à une famille chimique. L’allongement des rotations en introduisant des cultures différentes les unes des autres va permettre d’employer des familles chimiques et des modes d’action différents et donc permettre de lutter efficacement contre un maximum d’adventices.
A contrario, les rotations courtes ou l’emploi trop fréquent de produits appartenant à la même famille chimique va accélérer les résistances et sélectionner la levée d’autres adventices jusqu’ici absentes sur l’exploitation.


• en optimisant l’adjuvantation de la bouillie ;
• en intervenant dans les meilleures conditions


Autres thématiques abordées

Phénomènes d’allélopathie : qu’en sait la science ?
Les participants se questionnent sur la possibilité de recourir à des espèces spécifiques dans leur couverts végétaux, des espèces capables, par la sécrétion de composés chimiques, de nuire à la germination des adventices. Il semblerait que ce phénomène d’allélopathie soit démontré en laboratoire, mais il reste difficile de le prouver au champ, car il est indissociable d’une compétition pour les ressources.

Problématiques de résistance : que faire ?
Selon Bruno Chauvel, il faut éviter de traiter des populations importantes d’adventices car le risque de sélectionner des plants résistants se multiplie. Il recommande, en cas de fortes infestations, d’utiliser des leviers alternatifs à la chimie. Il rappelle également l’importance de diversifier les matières actives et leur mode d’action. Nous vous invitons à visionner la vidéo dont le lien se situe ci-après :

https://www.youtube.com/watch?v=XgOsfLXl7I4



Etude d’un cas concret en atelier


La journée en Hauts de France a également été l’occasion de l’étude d’un cas concret, en atelier, sur une parcelle d’un système de polyculture présentant une problématique vulpins. L’objectif était de définir collectivement, et de proposer à l’agriculteur, quelques pistes pour le sortir de sa problématique.
La parcelle en question se situe sur un site à 20km du siège d’exploitation sur des sols très argileux (60%) avec une pression vulpin importante. Vous trouverez ci-après l’assolement de l’exploitation ainsi que l’itinéraire technique suivi sur la parcelle depuis les dernières campagnes. Pendant 3 années successives du maïs grain a été cultivé et récolté dans des conditions humides qui ont endommagées la structure. En conséquence, le choix a été fait de semer le blé suivant à la volée en limitant les coûts de production (désherbage limité notamment). 
 



Les solutions proposées par le groupe, par ordre de préférence, sont les suivantes :


1)    Mise en culture de maïs ensilage suivi selon la date de récolte par, soit : 

  • Un blé
  • Une monoculture sous couvert de trèfle
  • Un couvert multi-espèces (colza, radis, phacélie, vesce et tournesol)

Bien que l’exploitation n’ait pas l’élevage pour valoriser l’ensilage, il pourrait être vendu. La culture du maïs rend les parcelles relativement propre et la période d’ensilage permettrait une récolte en bonnes conditions (vis-à-vis des 3 maïs grain cultivés précédemment).

2)    Mise en place d’une culture pérenne comme le miscanthus
Pour limiter les temps de travaux sur ce site à 20km du siège d’exploitation

3)    Culture de colza si cela est possible techniquement
L’implantation dans des argiles lors d’étés secs peut s’avérer compliquée. Le colza est bien implanté à l’automne et les traitements disponibles en culture sont très efficaces.

4)    Implantation d’une céréale de printemps avec introduction du colza dans la rotation
Ce qui permet de gérer les vulpins avant l’implantation de la culture

5)    Méteil
Pose la question de sa valorisation puisque l’exploitation n’a plus d’élevage



Témoignage de Benjamin Audé, agriculteur à la Foye Montjault (79) en ACS depuis 4 ans, labellisé Au Cœur des Sols

Les chardons peuvent rapidement envahir une parcelle de culture (ici du blé)

Lors de mon installation, j’ai récupéré des terres qui étaient en conventionnel avec labour et TCS.  Ce sont des argilo-calcaires superficiels (25 cm) avec un pH de 8,2. Il y avait une grosse problématique avec des chardons des champs et des chardons marie. C’est clairement le travail du sol qui est à l’origine de la prolifération de ces chardons. Depuis 4 ans que je ne travaille plus du tout les sols, je vois une nette baisse de la pression. C’est pour moi le 1er levier à actionner.
Ensuite, j’ai une rotation avec une douzaine de cultures plutôt automne et hiver vu la très faible réserve utile. En particulier, je fais de la luzerne pour de la fauche. En faisant un broyage au 15 mars, ça détruit les jeunes chardons qui sont ensuite étouffé par la luzerne qui prend le dessus.  C’est mon deuxième levier.
Enfin, quand je détruis mes couverts végétaux d’été, entre septembre et décembre suivant les cultures suivantes, je passe systématiquement 1080g de glyphosate sans broyage avant.  Les chardons sont en sève descendante et j’obtiens une très bonne efficacité.  Evidemment, ça nettoie également toutes les graminées d’automne qui peuvent être également présentes : j’ai une tolérance 0 sur ces adventices car je ne veux pas être ennuyé vu les cultures que je fais.  
Avec ces pratiques, je n’ai pas besoin de gérer les chardons en culture sauf en tournesol (que j’arrête à partir de cette année avec les étés secs que l’on connait) : pour cette culture, j’utilise du tournesol Clearfield résistant aux herbicides à base d’imazamox.
Pour moi, la plus grosse erreur c‘est de vouloir gérer les chardons avec un outil de travail du sol : on fait bien pire que mieux. Comme la dissémination ne se fait quasiment pas par les graines (moins de 3 % de nouveaux pieds par les graines), c’est bien la dissémination par les rhizomes qu’il faut éviter et c’est là que l’ACS a toute sa place et est le meilleur remède.
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Témoignage de Robert Girard, agriculteur à Distre (49) en ACS depuis 14 ans, labellisé Au Cœur des Sols

L'armoise commune est une vivace envahissante difficile à contrôler


L’armoise commune est une adventice vivace plus ou moins présente sur l’ensemble de mon exploitation. Je suis sur des sols argilo-calcaire plutôt superficiels avec des pH supérieurs à 8. Les pailles et résidus de cultures sont systématiquement restitués.

D’après les analyses, ma matière organique a du mal à évoluer et est plutôt de type archaïque. Je pense d’ailleurs que c’est une des explications à la présence d’armoise commune. Cette vivace est présente dans certaines parcelles depuis plus de 30 ans, et a aussi tendance à se développer sur l’ensemble du parcellaire.


Avant de passer en ACS le travail du sol ne permettait pas de m’en débarrasser correctement car les rhizomes se multiplient facilement et il doit aussi y avoir un stock grainier assez important. Il fallait alors combiner travail de sol et/ou action chimique.
En ACS, je ne multiplie plus les rhizomes mais la gestion reste difficile et demande d’être vigilant pour éviter toute montée à graine. Dans des blés, les armoises apparaissent vers le 15/20 mars. J’interviens alors avec 20grs d’Allié et j’ai une efficacité plutôt bonne. Je ne tarde pas trop pour l’application de cette molécule afin de ne pas impacter le développement des couverts à venir.
Dans les cultures de printemps (maïs, tournesol ou sarrasin), s’il y a présence d’armoise de manière significative avant le semis, je suis obligé d’intervenir avec du glypho à la dose pleine.
Pour l’été, je sème des couverts dès le lendemain de la moisson pour couvrir le sol, favoriser la concurrence et éviter au maximum la levée de dormance de l’armoise.
Si la parcelle est trop sale à la récolte j’interviens avec du glyphosate plus 2,4D ce qui est très efficace mais limite le choix des espèces de couvert possible et retarde la date de semis.
Depuis quelques années, je suis aussi beaucoup plus vigilant dans le suivi des cultures pour essayer de maitriser ces adventices qui peuvent prendre beaucoup d’ampleur... !
J’ai également fait évoluer ma rotation afin de répondre aux différentes contraintes et exigences de l’exploitation. Ce travail a été mené conjointement avec les élèves de l’ESA d’Angers.
La rotation mise en place est établie sur 8 ans avec 6 cultures différentes. L’exploitation a été découpé en 4 îlots de tailles similaires, mais constitués de parcelles de tailles différentes. 
Voici un exemple de rotation : Maïs – Tournesol – blé tendre – Sarrasin – blé tendre – maïs – féverole – colza.
Ou : Maïs – Tournesol – Sarrasin - féverole – colza - Maïs – Tournesol - blé tendre
Si la culture prévue est trop risquée (tournesol après un maïs infesté d’armoises ou autre adventice problématique par exemple), je modifie momentanément ma rotation pour ne pas tomber dans une impasse et être contreproductif.
Cette rotation est mise en place depuis l’année 2022. Elle doit permettre d’optimiser l’usage des molécules utilisées pour le désherbage (groupe HRAC) et de mieux gérer les couverts mis en place en fonction de la durée des intercultures, du précédent et de la culture à venir. J’espère ainsi pouvoir aller vers un sol moins engorgé en MO archaïque et donc plus équilibré.  
Je pense que pour combattre toute adventice il faut mettre le plus de cartes possibles de son côté... 



Témoignage de Stéphane Olivier, agriculteur à Vitrac St Vincent (16) en ACS depuis 6 ans, labellisé Au Cœur des Sols


Levée d'ambroisie sur la ligne de semis du tournesol


A mon installation, j’ai trouvé des terres mal ou peu cultivées depuis plusieurs années. Il y avait beaucoup d’adventices dont certaines problématiques comme les chardons et l’ambroisie. J’avais peu de connaissances à mes débuts sur la gestion des adventices et je me suis fait conseiller par une personne performante. Non travail du sol et herbicides sont pour moi les 2 axes les plus performants pour me sortir de situations compliquées.  
Ma rotation est en général Blé – colza – blé – tournesol.
Pour me sortir de l’impasse ambroisie, j’ai commencé par une pleine dose d’Allié fin mars début avril sur les blés : je ne tarde surtout pas cette application pour ne pas avoir de rémanence de produit qui impacterait la levée du colza. Une culture de blé d’hiver bien homogène permet également au printemps de bien limiter la quantité de lumière qui arrive au sol et limite ainsi la levée de dormance.
Dans le colza, l’ambroisie ne lève quasiment pas car la biomasse du colza l’en empêche.
Enfin, dans le tournesol, je choisis des variétés Express Sun sur lesquelles je peux utiliser du Tribénuron efficace sur Ambroisie (en deux passages).  Aujourd’hui, je ne travaille plus que la ligne de semis pour le tournesol avec un strip till à dent : l’ambroisie ne lève alors que sur la ligne et pas dans l’interrang qui n’est pas touché et couvert par un mulch. Le tournesol verra un désherbage en Post Semi pré levée uniquement sur le rang 
Après ces 6 années en ACS, je vois que la pression diminue fortement et je maîtrise la situation.  Par contre, le moindre travail du sol, même très superficiel à 3 cm, remet en germination une très importante quantité de plantes. Je peux aujourd’hui baisser les doses d’Allié à ½ dose voire même des impasses selon les parcelles et je vais pouvoir commencer à travailler sur les couverts pluriannuels ce que je ne pouvais pas faire jusque-là. Mais la vigilance est toujours de mise avec les graminées d’automne qui ne sont pas présentes aujourd’hui (sauf quelques entrées de champ) et que je ne veux pas voir arriver !



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Article écrit par le comité technique de l’APAD.
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