Publié le 05/03/2025 | Télécharger la version pdf |
L’Agriculture de Conservation des Sols en viticulture
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Cet Instant technique aborde pour la 1ère fois la question de la mise en œuvre de l’Agriculture de Conservation des Sols en viticulture. Au travers de 5 témoignages, nous verrons tout l’intérêt de l’ACS dans cette filière, mais aussi les difficultés auxquelles sont encore confrontés les agriculteurs pour sa réussite. |
1) La qualité des sols en viticulture
Avec ses 7.5 millions d’hectares et un marché économique de 31 milliards d’euros à l’échelle mondiale, la viticulture représente un secteur d’activité agricole stratégique. Pour atteindre ces objectifs de production, la filière est fortement mécanisée pour l’entretien du sol (plus de 50 % des surfaces dans l’inter-rang et plus de 25 % des surfaces sous le rang en France, AGRESTE 2013), mais est aussi forte consommatrice de produits phytosanitaires (20% des produits pour 3% de la SAU française). Ces pratiques ne sont donc pas sans conséquence sur la santé des sols, avec notamment d’importants phénomènes d’érosion et de tassement, une déstructuration du sol avec des racines de vignes restant en surface puisque fertilisées et irriguées (notamment dans le Sud de la France) et ne prospectant pas en profondeur. On constate également un impact sur le stockage du carbone, une perte de matière organique, un déséquilibre chimique et organique, avec des retours au sol faibles et peu diversifiées de par la monoculture de vigne : feuilles et bois de taille très ligneux, engendrant un blocage de la minéralisation (le C/N des sols viticoles est souvent supérieur à 15 contre 10 en temps normal). Ces pratiques impactent également la biodiversité, la qualité de l’air, la ressource en eau et peuvent ne pas toujours être résilientes fasse aux effets du changement climatique. Enfin, bien qu’encore peu documenté, on peut supposer également un impact négatif de ces pratiques sur la qualité biologique des sols (i.e. aptitude d’un sol à héberger une grande quantité et diversité d’organismes vivants impliqués dans son fonctionnement et la fourniture de services écosystémiques).
Ainsi, des projets de recherche récents ou en cours étudient la qualité biologique des sols en viticulture. Ils mettent en évidence une plus faible biomasse microbienne que les autres sols agricoles, dû en partie au fait que les vignes sont implantées sur des sols plus pauvres, peu profonds et en coteaux. Ces conditions sont moins favorables au développement de la vie microbiologique. En plus de leur effet négatif sur la qualité physique des sols, la forte mécanisation, la monoculture de la vigne, des sols peu couverts, l’usage intensif des produits phytosanitaires (notamment fongicides, ce qui impacte négativement la diversité des champignons du sol) contribuent aussi à la réduction de cette biomasse microbienne. Le programme Agrinov (2011-2015) a mis en lumière que seul un peu plus du tiers des parcelles viticoles françaises analysées fonctionnent bien (L. RANJARD, 2019).
Par ailleurs, outre une biomasse microbiologique plus faible, il a été mis en évidence que la biodiversité microbienne est plus élevée dans les sols viticoles, due à une multiplication des interventions dans la vigne poussant les bactéries à s’adapter à chaque modification de leur environnement. Cette abondance d’espèces moins nombreuses en termes de biomasse n’est pas forcément positive, car cela réduit le nombre d’interactions entre les espèces présentes. Les bactéries perdent alors en fonctionnalité et coopèrent moins bien pour dégrader la matière organique et nourrir la vigne.
Le projet EcoVitiSol lancé en 2019 est un projet de recherche participative impliquant près de 150 vignerons, coordonné par l’UMR Agroécologie à Dijon, et a pour 1er objectif de combler le manque de connaissances sur l’impact de mode de production sur la biodiversité et la matière organique des sols viticoles. Son 2nd objectif est de sensibiliser les viticulteurs aux nouveaux outils de diagnostic de la qualité agroécologique des sols, à même d’évaluer l’impact et la durabilité de leurs pratiques de gestion des sols. D’abord centré sur les territoires d’Alsace et de Bourgogne, la version 2 vise depuis 2022 et jusqu’en 2030 à cibler un nouveau vignoble par an, pour à terme identifier les pratiques viticoles les plus à même de répondre aux enjeux de la transition agroécologique et du changement climatique.
A ce jour, EcoVitiSol prend en compte les 3 modes de production les plus répandus en viticulture : conventionnel, AB et biodynamie ; preuve que la pratique de l’ACS n’est pas encore répandue dans cette filière. Toutefois les 1ers résultats obtenus donnent des perspectives encourageantes quant à la pertinence de pratiquer l’ACS en viticulture. Une nouvelle fois, l’abondance, la diversité et les interactions microbiennes sont étudiées ainsi que la qualité de la matière organiques des sols par la technique Rock-Eval® (méthode empruntée de l’industrie pétrolière, permettant de caractériser le carbone organique d’un sol ou d’une roche mère) en plus des caractéristiques physico-chimiques classiques (pH, texture, C/N, teneur en Cu…). Il en résulte que seuls 20% des parcelles analysées sont dans un mauvais état microbiologique. Il n’y a donc pas « d’état d’urgence », mais plutôt « un état de surveillance ». Le travail du sol, quelle que soit sa forme, a un effet négatif sur la qualité microbiologique et sur la teneur en carbone actif des sols, et au contraire la couverture de sols et la restitution des sarments ont un effet positif. Il existe donc un lien fort entre la qualité microbiologique des sols et le mode de production ; la biodynamie stimule plus les microorganismes du sol.
Face à ces constats, tout comme l’ensemble du monde agricole, la filière viticole doit faire face à une évolution majeure, la transition agroécologique. Avec les bénéfices apportés par ses 3 piliers (non travail du sol, couverture des sol, diversification), l’ACS apparait être une des réponses face à ce défi de transition.
2) L’Agriculture de Conservation des Sols en viticulture
Mais alors, comment mettre en place l’ACS sur une parcelle de vigne ? Cela passe d’abord par une prise de conscience des viticulteurs des menaces qui pèsent sur leurs sols, exacerbées par les pratiques intensives de l’après-guerre, puis d’une motivation à opérer « un retour à l’agronomie ». Il s’agit alors de se former, documenter, échanger pour s’inspirer de ce que font les quelques vignerons pionniers ayant opéré leur transition il y a déjà 2 décennies pour certains. Il peut s’agir d’une part et dans un 1er temps (et selon la situation) d’une réoxygénation des sols dégradés grâce à un travail du sol par de la décompaction (avec des outils de type Actisol par exemple).
On parle également d’un retour de « l’herbe » (les couverts végétaux) dans le vignoble, si longtemps combattus par les désherbages chimiques et mécaniques, afin de bénéficier de leurs services (biodiversité, concurrence aux adventices, structuration du sol, vie microbiologique…). Bien sûr ici, seul l’inter-rang est couvert, car la vigne est trop sensible à une concurrence directe sur son rang. Deux options courantes s’offrent alors à l’agriculteur : l’enherbement spontané mais maitrisé ou le semis direct d’une flore choisie. Malgré tout, l’effet concurrentiel doit être gardé en tête et s’explique par 3 raisons : i) les espèces de couverts (ou de flore spontanée) qui subsistent dans les sols pauvres sont celles ayant un fort « pouvoir de préemption » de l’eau et des éléments nutritifs, ii) la couche de surface enrichie en matière organique nouvellement créée conduit à la réorganisation de grandes quantités d’éléments minéraux au détriment de la vigne, qui a besoin d’une mise en réserve à l’automne en vue d’un redémarrage au printemps suivant, iii) un phénomène de compétition des ressources au printemps par le couvert végétal.
On observe 2 pratiques de gestion des couverts végétaux annuels. Tout d’abord, la mise en place de couverts d’hiver juste avant ou juste après les vendanges est la pratique la plus répandue car c’est sans doute l’implantation la plus facile à réussir. Une vigilance devra être de mise lors de la destruction au printemps pour éviter la concurrence (le suivi d’indicateurs de croissance de la vigne comme le diamètre des bois de taille aide à déterminer la date de destruction optimale). Il faut aussi avoir en tête les difficultés de destruction en cas de printemps humide, et les effets du gel sur la vigne pouvant être exacerbés par la végétation du couvert. Il ne faut par ailleurs pas négliger une fertilisation localisée précoce de la vigne. Le paillage obtenu après destruction pourra être conservé au sol durant l’été afin de réduire le développement des adventices et le phénomène d’évaporation. L’utilisation d’une forte proportion de légumineuses dans le couvert qui serait détruit (et donc qui serait minéralisé) trop tardivement peut également engendrer des problèmes sanitaires ou de vinification.
Une seconde pratique consiste à semer un couvert durant l’été, qui sera partiellement ou totalement détruit par l’hiver. Dans ce cas, le développement du couvert est plus délicat, mais il y a moins de risques ensuite au printemps. Cette pratique est adaptée lorsque les vendanges sont tardives ou que les travaux à la cave ne permettent pas de dégager un temps suffisant en culture.
On l’a vu, avoir une bonne maitrise de la couverture des sols viticoles contribue à leur bon fonctionnement, aide à réduire les stress abiotiques de la vigne, améliore la vie microbiologique permettant une meilleure structuration et un meilleur recyclage de la matière organique, ce qui libère des molécules (acides aminées, glucides, lipides…) ayant un rôle contre des maladies telles que l’esca. De même en limitant l’effet splash de la pluie sur des sols nus, on limite la propagation du mildiou.
3) Les freins à la mise en œuvre de l’ACS dans le secteur viticole
La mise en place de l’ACS nécessite un « retour à la terre » avec le réapprentissage des principes de l’agronomie et du métier de cultivateur : notions de non travail du sol et son intérêt, de gestion d’un couvert végétal au sein d’une culture pérenne (avec notamment le choix des espèces selon l’objectif et les conditions, puis les moyens de gestions intégrées du couvert ensuite), et intégration et compréhension des rotations interculturales. Si ces mécanismes et leviers, et leurs bénéfices environnementaux et sociaux, sont de plus en plus connus des céréaliers et éleveurs, ce n’est peut-être pas encore un automatisme pour tous les vignerons. Il semble important de débuter par une ou des espèces faciles à semer en SD afin de réussir l’implantation d’un couvert (cela peut par exemple être une féverole). Cela permettrait d’acquérir un début d’organisation pour cette nouvelle pratique.
La 2ème chose qui peut représenter un frein à la mise en œuvre de l’ACS dans le domaine viticole est l’accès à un agroéquipement adapté. L’adaptation du matériel de viticulture (d’une largeur d’inter-rang allant de 1 à 3 m) à l’ACS (semoirs de semis direct, rolofaca) est bien entendu indispensable pour opérer la transition et conduire ses vignes selon cette agriculture. Toutefois, ceci n’est pas toujours aisé, et le marché propose encore trop peu de tels outils à la vente.
Enfin, comme pour les grandes cultures, la question de la gestion de l’enherbement reste primordiale, notamment sur le cavaillon (dessous du rang de vignes). Le travail du sol ou le désherbage chimique sur cette partie du vignoble reste indispensable et il existe un risque de favoriser le développement d’une flore vivace qu’il serait difficile à maitriser, impactant la production. La recherche a ici un rôle à jouer ; certains évoquent l’étude de la conduite de couverts bas à contrecycle de la vigne, comme les trèfles dont la propagation pourrait être limitée par des tondeuses ou brosses interceps.
4) Les perspectives
On l’aura compris, constituer un collectif pour échanger, et favoriser la formation sont indispensables lorsque l’on souhaite se lancer dans l’aventure de l’ACS, que ça soit en viticulture ou en grandes cultures. Il ne faut pas rester seul face aux changements que l’on souhaite opérer.
Par ailleurs, pour éviter de travailler le sol, il faut que la vigne puisse développer un système racinaire en profondeur, afin de permettre la fameuse « prospection racinaire ». Cette capacité d’enracinement est liée soit au choix du porte-greffe, soit aux conditions d’implantation, puis à la manière dont la vigne est conduite ensuite. Le défonçage ou charruage consiste en un travail du sol profond avec labour réalisé avant plantation d’une vigne, en vue de préparer le sol. Cela a pour but d’aérer la terre et d’extirper les racines de vieux pieds de vigne de l’ancienne plantation, favorisant ainsi l’enracinement de la nouvelle vigne. Il semble nécessaire de réfléchir à cette 1ère étape, étudier les conditions de la parcelle (y’a-t-il déjà eu une ancienne vigne par exemple) et voir s’il existe des alternatives à cette pratique qui « défonce » le sol.
Le développement de matériel viticoles adaptés à l’ACS, que ça soit du matériel végétal avec des semences de couverts adaptées ou de l’agroéquipement, semble aussi primordial pour que ce secteur opère une transition en ACS réussie. Dans le même esprit, la recherche a un rôle central à jouer pour améliorer les connaissances techniques (exemple de la gestion du cavaillon). Observer et mesurer les effets de l’ACS sur la vigne sur le long terme, afin d’établir un argumentaire fiable et pérenne à la mise en œuvre de l’ACS en vigne n’est pas que du ressort des agriculteurs, mais bien de tous les acteurs de la chaine de valeur.
La filière connaissant un recul des ventes depuis de nombreuses années, les vignerons doivent « montrer patte blanche » quant à leurs pratiques respectueuses de l’environnement permettant de fournir des vins sains et de qualité. Ainsi, comprendre si l’ACS impacte certaines étapes de la vinification ou s’il existe un lien entre ses pratiques et la qualité nutritionnelle des vins semblent important pour une meilleure valorisation de la production.
Valérie ALIBERT, agricultrice à Saint-Projet (46300) sur une exploitation en ACS depuis 2010
Valérie travaille dans le domaine viticole depuis 2000, d’abord en tant que conseillère viticole sur le vignoble lotois, puis en tant que cheffe de culture sur un vignoble de 120 ha dans la Vallée du Lot. Elle a arrêté l’activité de conseil en 2024 dans l’objectif de s’installer en tant que viticultrice. En 2023, elle acquiert une première parcelle de vigne de 50 ares à Albas, sans travail du sol depuis 10 ans et avec couverts, toujours dans la vallée du Lot. Elle a créé avec son époux Jean-Christophe le GAEC Grains d’Ô Vin sur l’exploitation familiale labellisée Au Cœur des Sols, et située à Saint-Projet sur les Causses dans le nord du département. Cette exploitation est en polyculture élevage, avec 320 brebis pour produire des Agneaux Fermiers du Quercy sous Label Rouge. Elle s’étend sur 145 ha au total (parcours compris), dont 90 ha de SAU. Sur ces 90 ha, 50 ha sont en prairie dite « naturelle », c’est-à-dire temporaire mais de longue durée (plus de 6 ans) et les 40 autres ha sont sur des rotations longues comprenant des prairies temporaires de luzerne ou sainfoin (3 ans de production), orge d’hiver, avoine, épeautre, féverole d’hiver, pois fourrager (pour production de semences de méteil). L’an dernier, Valérie et Jean-Christophe ont planté 50 ares de vigne sans travail du sol, sur une parcelle de l’exploitation en ACS depuis de nombreuses années.
« Grâce à mes différentes activités, j’ai acquis de l’expérience dans la gestion de vignobles, au travers des 7 terroirs qu’offre le vignoble lotois, mais également compris ce qu’est l’ACS et ses bénéfices environnementaux, et appréhendé sa mise en place en viticulture. A mon sens, les avantages permis par l’ACS sur la vigne sont 1) la régénération des sols dégradés (travail intensif du sol, pollution par l’excès de produits phytos comme le Cuivre), 2) des sols vivants augmentant la performance des plantes (alimentation améliorée de la vigne, meilleure structuration du sol permettant une meilleure prospection des racines de la vigne), et 3) une meilleure gestion de l’eau durant l’été (avec une couverture au sol protégeant contre les coups de chaud). La vigne possède certes des racines qui descendent en profondeur, mais aussi un réseau assez important de racines horizontales et proches de la surface. Selon le type et la profondeur de travail de sol qui est réalisé, ces racines de surface sont abîmées ou détruites, la vigne s’épuise. Pratiquer l’ACS résout ce problème.
J’ai débuté le suivi d’essais en ACS dès 2016 chez des viticulteurs que j’accompagnais, puis sur le vignoble que je gérais en 2018 en tant que cheffe de culture. Nous avions pour objectif de passer 15 ha en ACS (sur les 120 ha totaux que comptait l’exploitation). Nous avons mesuré 7 à 8 T MS/ha dans des couverts inter-rang (mélange de radis fourrager, vesce, féverole, avoine), soit 264 U d’azote piégé, 125 U restituée (et 35 U de phosphore et 280 U de potassium restituées). Le choix des couverts doit être réfléchit, comme pour les grandes cultures, et se faire en fonction des objectifs fixés : objectif de structuration du sol, objectif de nutrition de la vigne…, et du contexte. L’agriculteur se doit également de connaitre les bases liées à la gestion d’un couvert : connaissance des espèces, choix des semences, maitrise des semis et de leur période, gestion de la destruction, prise en compte du climat… ce qui n’est pas forcément le cas chez tous les viticulteurs, encore peu habitués à cette réflexion.
Figure 2. Couvert au 15/04/2019 (@ V. Alibert).
Aujourd’hui, je possède 2 parcelles de 50 ares chacune en ACS (l’une ayant été plantée l’an dernier). L’objectif est de planter davantage de vigne pour atteindre 3 ha. Sur la vigne d’Albas reprise l’an dernier, le couvert en place est un couvert permanent composé de fétuque, ray-grass anglais et pâturin sauvage. Je ne souhaite pas de couverts annuels ici à cause de l’éloignement géographique avec le reste de la ferme, et aussi par manque de matériel adéquat pour le semis et la gestion du couvert. Je désherbe chimiquement sur le rang et j’effectue un broyage au printemps pour éviter que le couvert ne se développe trop et fasse concurrence sur l’eau et les nutriments à la vigne. Je préconise l’implantation précoce du couvert (vers le 15-20 août) afin de profiter des pluies de fin août, et que ce dernier soit suffisamment développé pour permettre une meilleure portance des sols lors des vendanges. Afin de favoriser la biodiversité, il me semble important que ce couvert soit composé de 5 espèces minimum (avec des graminées, des crucifères et des légumineuses fourragères), afin d’assurer qu’au moins 3 espèces se développent au final selon la météo de l’année. La féverole est un bon candidat lorsqu’on démarre l’ACS, car on est presque sûr de réussir son implantation, ça évite de se décourager dès le début avec des espèces plus difficiles à maitriser. Je conseille ensuite une destruction précoce au printemps pour limiter la concurrence et l’impact du gel sur la vigne, favorisé par un couvert trop présent. Plusieurs passages de rouleau peuvent être réalisés, certaines espèces pourront se relever et repartir plus tard en saison, lorsque la vigne sera moins sensible. Le paillage laissé par les couverts en cours de dégradation en été est intéressant pour réduire la température à la surface du sol.
Outre le manque de connaissance de la profession vis-à-vis de la maitrise d’un système en ACS évoqué plus haut, les autres difficultés que je vois pour l’adoption de l’ACS en viticulture sont le matériel de SD peu développé : des semoirs SD spécifiques à la viticulture sont nécessaire. Il en existe à dents mais pas à disques. Les autres matériels sont des rouleaux et broyeurs de faible largeur. La peur de l’échec représente également une difficulté, il peut arriver que certains se découragent trop vite dès le 1er échec et que ça représente une bonne raison pour eux d’arrêter la conversion vers l’ACS.
Les perspectives de travail pour l’ACS en vigne sont selon moi le développement de l’équipement pour implanter et gérer les couverts entre les rangs, mais aussi sur les rangs, pour pouvoir arrêter le travail du sol et le désherbage chimique. Il s’agit également de développer et rendre accessibles des variétés adaptées à l’ACS, et à la culture de la vigne et sa grande sensibilité à la concurrence.

Figure 3. Aperçu du chantier de plantation du 20/04/2024 (@ V. Alibert).
En ce qui concerne la plantation d’une vigne en ACS, voici mon retour d’expérience : le choix de la parcelle doit être réfléchit en tenant compte de son exposition, du type de sol et de l’objectif de production. L’idéal est de la caractériser en amont grâce à un profil cultural pour voir comment le sol est structuré, mais aussi grâce à une analyse de sol pour connaitre structure, texture, oligo-éléments présents et taux de matière organique. Le taux de matière organique moyen en vigne se situe entre 0.7 et 2%, ce qui est très bas. Chez nous, la vigne a été implantée sur un sol à 6% de matière organique, derrière une luzerne. Ce taux élevé de matière organique a été atteint grâce à l’historique ACS de la parcelle en grandes cultures, avec apport de l’engrais organique issu de l’élevage de brebis (j’ai constaté des situations similaires de taux de matière organique plus élevé en vignoble lotois sur le plateau où l’élevage est présent et où il y a des apports de fumier).
L’implantation a eu lieu en avril 2024 sans travail du sol pour préparer la parcelle et pour la plantation (les pratiques habituelles prévoient un travail du sol en profondeur, à plusieurs reprises durant plusieurs mois). Au préalable, un désherbage chimique à base de glyphosate a été réalisé 3 semaines avant pour détruire la luzerne, puis juste avant la plantation un semis au semoir à céréales SD d’un couvert composé de ray-grass, trèfle, radis, féverole et avoine. Les trous ont été effectués à la tarière hydraulique, avec un idéal de 25 cm de profondeur (pas toujours atteint dans notre cas). Du terreau de plant de vigne a été mis (Angiplant d’Angibaud), puis le cep en lui-même. La densité de plantation est de 4500 pieds/ha, le cépage utilisé est un cépage blanc de Roussanne et de Chenin. Un arrosage à l’aide d’une tonne à eau et d’un tuyau pour apporter 5 L/plants et l’ajout d’une gaine de protection contre le gibier autour de chaque pied terminent le processus. Deux mois après, j’ai effectué un désherbage chimique sur les rangs. En juin et juillet, la vigne était belle, comme on peut le voir sur la photo. En août, j’ai enlevé les gaines de protection, et la vigne a subi d’importants dégâts de chevreuils. J’espère malgré tout un redémarrage ce printemps, pour une 1ère récolte en 2026.

Figure 4. Etat de la vigne durant l'été 2024, avant dégâts de chevreuils (@ V. Alibert).
Pour finir, côté valorisation, je suis sous IGP Côte du Lot et j’ai réalisé ma 1ère cuvée de 2023 de 4000 bouteilles, grâce à la parcelle d’Albas. La vinification faisait partie de mon projet d’installation, j’ai tout l’équipement nécessaire sur la ferme à St Projet. La cuvée 2024 (3500 bouteilles) arrive bientôt avec les rosés (suivront ensuite blancs et rouges). Je suis fière de pouvoir apposer le label Au Cœur des Sols sur les étiquettes des bouteilles cette année. Avoir un label produit en vin est très important pour la commercialisation, cela donne de la visibilité auprès de nos clients, et c’est l’occasion de promouvoir l’ACS. »
Eric LABAT, agriculteur à Aurions-Idernes (64350)
« Je me suis installé sur l’exploitation familiale de polyculture-élevage en 1997. A ce moment-là, la ferme comptait une vingtaine d’hectares de maïs semence (îlot maïs semence présent depuis 1960), 8 ha de vigne et 20 bovins allaitants de race blonde d’Aquitaine. L’irrigation a été mise en place en 1976 avec un 1er lac collectif, puis un 2nd en 1990. Un pivot collectif a été acquis dès 2002. Nous sommes sur des limon argileux, avec des problèmes de battance ; j’ai arrêté le labour en 2000 et débuté le semis des couverts en interculture de maïs dès 2006, pour suivre la réglementation en zone vulnérable. J’ai développé l’atelier bovin (j’ai eu jusqu’à 35 mères), avant d’arrêter en 2013 pour développer l’activité viticole, en louant au fur et à mesure 12 ha au total sur des parcelles en communs appartenant à la cave de Crouseilles. Aujourd’hui, j’ai 22 ha de maïs semence et 22 ha de vigne, dont 11 ha en bio en propriété. Il n’est pas possible de passer les 12 ha de terres viticoles louées en bio, du fait de la proximité avec les autres viticulteurs également en location. Les cépages sont pour le rouge Tannat, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon, et pour le blanc Petit Manseng, Gros Manseng et Petit Courbu. Je cultive sous les AOC Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh.
Je conduis mes vignes selon 2 objectifs principaux, à savoir la réduction de l’usage d’intrants et la préservation des sols. Les pratiques en lien avec l’ACS m’y aident beaucoup. Les sols de la région sont pauvres, superficiels, caillouteux, et en pente (seulement 6 ha de vigne sont sur des parcelles plates). Je limite donc au maximum le travail du sol et le passage de tracteurs (majoritairement dû aux traitements fongicides contre le mildiou, d’autant que la pression peut parfois être très importante selon les années pluvieuses) qui favorisent érosion et tassement. Les années 2023 et 2024 ont été particulièrement difficiles, il a beaucoup plu et la pression mildiou était très forte. En 2023 il n’y a pas eu de fenêtre pour traiter, beaucoup ont perdu toute leur récolte, ça marque les esprits. Personne n’a voulu prendre de risque l’année d’après, personne n’a fait d’impasse sur les traitements, et heureusement qu’il y a eu des opportunités pour traiter. Sous ces conditions humides, beaucoup de passages de tracteurs ont été réalisés, les sols ont été matraqués, cela aussi ça marque. Lorsque je pars traiter, je termine toujours par les parcelles les plus pentues, ainsi l’atomiseur est plus léger. L’implantation de couverts limitent ces phénomènes d’érosion, limite le lessivage, augmente le taux de matière organique, favorise une meilleure structure du sol, ce qui permet une meilleure portance lors des passages des engins (pulvérisateur, vendange) et une meilleure infiltration de l’eau. Par ailleurs, ayant un parcellaire morcelé, la réduction du nombre de traitements phytosanitaires me fait gagner du temps et me permet une gestion facilitée du domaine. Tous ces leviers sont d’autant plus importants que les cahiers de production des AOC et les nouvelles normes ou façons de produire imposent des densités de plantation plus élevées (aujourd’hui à 0.8-1 m sur le rang et maximum 2.5 m entre rangs, tandis qu’avant la densité était à 1.3 m sur le rang et 3 m entre rangs) sur des portes greffes moins vigoureux afin d’obtenir moins de rendement (pour respecter les rendements plafonds) mais une production de meilleure qualité. Le problème est que ces nouveaux portes greffes (c’est-à-dire 101-14 Riparia Gloire et 3309, qui ont remplacé S04) sont plus sensibles aux stress biotiques et abiotiques, leur système racinaire se développe moins et prospecte moins en profondeur.
En 2018, un GIEE animé par la Cave a été constitué afin d’atteindre l’objectif de réduction de 25% des IFT. Nous y sommes parvenus, d’ailleurs 5 d’entre nous se sont convertis en bio. Alors même s’il y a encore du désherbage mécanique, je retiens de cette expérience la force du collectif qui perdure encore aujourd’hui, dans le but de toujours plus se perfectionner et de diminuer les risques d’échecs. La technicienne de la Cave continue de nous suivre, notre groupe Whastapp est toujours actif, nous nous retrouvons pour des tours de plaine, des voyages d’étude, pour assister à des salons…

Figure 5. Exemple de biomasse produite par les couverts implantés dans la vigne (@ E. LABAT).
La dernière plantation que j’ai réalisée date d’une dizaine d’années. Après l’arrachage de l’ancienne vigne, j’ai semé en SD une céréale à paille suivie d’un couvert que j’ai roulé ensuite au printemps afin de laisser les résidus en surface. J’ai ensuite passé une sous soleuse dents Michel afin de décompacter le sol en profondeur avant une la plantation manuelle. Je désherbe uniquement sur les rangs, tandis qu’un couvert composé de féverole, triticale et phacélie est en place sur l’inter-rang. Je sème ce couvert en SD grâce à un équipement auto-construit composé d’un rouleau et d’une trémie, que je roule ou broie ensuite selon la biomasse présente, en avril/mai.
Le broyeur que je possède est réglable en largeur. Malgré le couvert en place, il arrive que l’inter-rang se salisse suffisamment pour que le rang se trouve touché (j’ai par exemple des problèmes de gestion du liseron). Dans mon système bio, je n’ai alors pas le choix que d’utiliser des outils de TCS avant de ressemer un couvert derrière une fois l’inter-rang nettoyé. Je réalise souvent cette opération 1 rangs sur 2 afin d’impacter le moins possible le sol tout en gérant le salissement. Il y aurait bien des possibilités de désherbage mécanique sans travail du sol, comme le rouleau faca, mais je ne suis pas équipé.
Une des pistes que nous avons avec le groupe serait de semer dans 1 rang sur 2 un couvert mellifère fin mai-début juin, pour une floraison en juillet-août. En plus de l’impact social positif de l’embellissement des paysages habituellement secs en fin d’été, les fleurs de tournesol ou autres attireraient les pollinisateurs et les auxiliaires qui lutteraient biologiquement contre la cicadelle ou les vers de grappes. L’implantation de ce couvert supplémentaire aura un coût, mais je m’y retrouverai avec l’économie de plusieurs traitements insecticides ou d’autres moyens de lutte (comptez 170-180 €/ha pour de la confusion sexuelle, qui de toute façon ne serait pas possible ici du fait d’îlots trop petits), moins de risques pour la santé, et moins de passages de tracteurs pour une meilleure santé des sols.
En 2024, j’ai accueilli un essais mycorhizes mis en place grâce au partenariat entre la société Mycea, la Cave et Agroréseau64, dont l’objectif était de voir comment mieux utiliser les capacités d’un sol pauvre. Des prélèvements de sol sur ma parcelle mise en essai ont été réalisés, afin de multiplier en laboratoire les mycorhizes naturellement présentes. Le sol a ensuite été ensemencé sur les rangs de vigne. La parcelle a été découpée en un dispositif expérimental de 6 modalités :
1) Témoin non fertilisé,
2) Témoin non fertilisé + mycorhizes,
3) Modalité avec fertilisation minérale,
4) Modalité avec fertilisation minérale + mycorhizes,
5) Modalité avec fumier,
6) Modalité avec fumier + mycorhizes.
Avec l’ajout de mycorhizes, les résultats sur le rendement ont été significatifs et positifs pour cette 1ère année d’essai (résultats à confirmer avec d’autres années d’essais).
Dans les perspectives de travail, en complément de l’essai mycorhize, il y a également la volonté de travailler la fertilisation organique. Le collectif s’est équipé d’un épandeur à fumier capable de passer entre les rangs des vignes. La prochaine étape est de trouver des sources de financement pour notamment construire une filière de valorisation de déchets verts et de fumiers dans nos vignes.
Dans le cadre du projet Vitilience de l’IFV, notre secteur participera en 2025 à un essai dont l’objectif est de mesurer l’impact sur le rendement des effets du réchauffement climatique et de l’échaudage sur raisins. »
Maxime LYS, agriculteur à Courcoury (17100), en ACS depuis 2020
« Je me suis installé en 2015 à la suite de mon père sur une exploitation de 70 ha de grandes cultures et 15 ha de vigne. 40 ha de mes surfaces arables sont irrigables, j’y effectue une rotation de blé – couverts d’été – orge d’hiver – soja dérobé – couvert de féverole – maïs. Les 30 autres hectares sont proches de la Charente et sont inondables. Il n’est pas possible de semer des cultures d’automne, ni même des couverts, j’ai 1 à 3 m d’eau chaque hiver. Je cultive donc uniquement des cultures de printemps (maïs et soja). Mes sols sont argilo-calcaires (40% d’argile), avec un pH de 8. Pour ce qui est de la vigne, 5 ha sont irrigables. Je produis uniquement du vin de distillation pour l’AOP Cognac. J’ai beaucoup de matériel en CUMA, ce qui me permet de réduire certaines charges de mécanisation. Le cépage utilisé est l’Ugni Blanc, c’est le plus répondu en Cognac. J’ai une distance d’inter-rang de 2.8 m. Je désherbe chimiquement sur le rang, mais un des objectifs du cahier de production Cognac est de tendre vers l’absence de désherbage chimique. C’est une de mes perspectives de travail, car je ne souhaite pas me diriger vers un désherbage mécanique où le sol serait travaillé. Je reviendrai sur ce point un peu plus loin.
Mon vignoble se divise en 2 parties : sur la surface irriguée, 100% des inter-rangs sont enherbés sur 2 m de large avec un mélange semé de fétuque et ray-grass. Cet enherbement permanent de l’ensemble de la surface protège le sol et lui assure une meilleure portance, sans qu’il ne soit concurrentiel de la vigne. La gestion et régulation se fait par broyage.
Sur l’autre partie du vignoble de 10 ha non irriguée, je sème le même mélange décrit précédemment 1 rang sur 2, l’autre allée est cultivée l’été et j’y sème un couvert annuel de féverole d’hiver. La densité de semis est de 80 kg/ha pour 1 tiers de la surface (ce qui reviendrait à semer 240 kg/ha en plein, les 2 autres tiers sont occupés par le mélange permanent fétuque + ray-grass et par le cavaillon. Je sème ces féveroles entre mi-octobre et début décembre selon les conditions météos, toujours après les vendanges. Je ne suis pas encore équipé d’un semoir de SD, cela est en projet. Avant de semer mon couvert de féveroles je décompacte le sol au niveau du passage des roues du tracteur, puis je passe la herse rotative. Je détruis ensuite cette féverole sur la 1ère quinzaine d’avril, lorsque celle-ci fait entre 1m et 1.5 m de haut (elle est alors plus haute que la vigne qui arrive elle à 1 m de haut) toujours avec la herse rotative. L’action de la herse rotative permet de garder le mulch créé sur l’inter-rang, évitant une trop forte biomasse qu’il faudrait gérer sous le rang. J’ai tenté de faire un mélange féverole + avoine, mais la destruction de l’avoine est difficile, elle s’enroule dans la herse. Je suis obligé de rajouter un passage de broyeur, cela rajoute une charge de travail et augmente la consommation de carburant. La « bouillie » de végétal ainsi créé du fait de l’importante biomasse ne me permet pas de passer tout de suite derrière avec la herse, je suis obligé d’attendre, le sol finit par sécher, il est plus dur, et plus difficile à travailler ensuite (avec la surconsommation de carburant que ça engendre). J’ai bien essayé aussi de remplacer le broyage par un passage de rouleau, j’en ai essayé 2 différents (une sorte de rouleau faca et un rouleau qui ripe de Roll’N’Sem), mais c’est le même résultat qu’avec le broyeur.

Figure 6. Couvert de féverole avant destruction en avril (@ M. LYS).

Figure 7. Couvert de féverole après destruction en avril (@M. LYS).
Les avantages de ce couvert par rapport à un sol nu et cultivé de manière conventionnelle en vigne : protection du sol (qui est maintenu à la bonne température et la bonne humidité), augmentation du taux de matière organique, préservation de la biodiversité (grâce aux fleurs de féverole), concurrence aux adventices, limitation du phénomène de battance l’hiver, limitation de l’érosion, structuration du sol par l’exploration racinaire. Les eaux de pluie au bord des parcelles sont claires, contrairement à d’autres vignes conduites sans couverts annuels.
Je m’interroge sur le rôle des couverts d’hiver lors des périodes de gel. Pour l’instant je n’ai pas eu de problème, et je sais qu’il ne faut pas détruire un couvert avant une gelée car l’humidité dégagée impacterait négativement la vigne. Mais quelle serait la conséquence d’un couvert plus haut que la vigne en cas de fortes gelées ? ou de gelées modérées ?
Un autre point de vigilance concerne la fertilisation minérale. Contrairement à ce que conseillent les organismes para agricoles, ce n’est pas parce que j’ai un couvert de féverole que je réduis mon apport d’azote. L’azote stocké par la légumineuse n’est peut-être pas disponible tout de suite ou en quantité suffisante pour ma vigne. Ce couvert nourrit le sol.
Je produis ma propre semence fermière de féverole grâce à mes grandes cultures. C’est une espèce facile à reproduire et je peux la trier (trieur en CUMA) afin d’éviter de semer des adventices ensuite. Mais pour ce qui est des autres espèces (voir ci-après), je préfère acheter ce dont j’ai besoin, c’est plus simple.
J’ai un projet avec un autre viticulteur, qui permettrait à la fois de passer mes vignes en ACS (donc sans désherbage mécanique avec travail du sol) sans aucun désherbage chimique (objectif visé par l’AOP Cognac). Il s’agirait d’investir dans un broyeur spécifique et un semoir SD à dents adapté à la viticulture. Le broyeur remplacerait la herse rotative en ramenant le couvert broyé sous les rangs, ce qui créerait un paillage empêchant les adventices de pousser et me permettant de m’affranchir du désherbage chimique. Grâce au semoir de SD, je sèmerai en plus un couvert l’été (que je broierai avant les vendanges) avec des plantes non concurrentes pour la vigne, et qui ne gêneraient pas la circulation à pied pour les travaux estivaux sur la vigne. Je pourrai mettre par exemple des graminées en C4 pour la production de biomasse, avec du sarrasin ou d’autres plantes mellifères pour la production de fleurs afin d’augmenter la biodiversité. Ce semoir me permettrait aussi de semer des couverts d’hiver en plus dans les inter-rangs enherbées (fétuque + ray-grass), afin de maximiser la biomasse produite.
J’espère pouvoir mettre ce projet en place à partir de 2026. J’ai fait une demande de subvention pour l’acquisition de ces nouveaux matériels, le projet représente un budget de 50 k€. Sans cette aide, je ne serai pas en mesure d’investir tout de suite, car malheureusement, depuis 3 ans, la filière connait un recul des ventes ayant engendré une baisse de 50% du chiffre d’affaires.
Avant cette période difficile, l’AOP a connu une période plus prospère où les plantations de vignes ont été encouragées. Ainsi, en 2018 j’ai planté 5 ha de vigne. J’avais alors envisagé de planter selon les principes de l’ACS, mais cela est très compliqué pour une plantation mécanique. Je pourrais peut-être l’envisager si je réalisais une plantation manuelle… »
Vincent DENIS, agriculteur à Montlouis sur Loire (37270), en ACS depuis 2001
« J’ai repris la ferme de mes parents en 1999, nous y cultivons des grandes cultures sur 80 ha et de la vigne sur 50 ha (l’élevage a été arrêté dans les années 90). La rotation type en grande culture est blé – colza – blé (ou autre céréale) – sorgho (ou millet). Je suis en ACS depuis 2001 et labellisé Au Cœur des Sols.
La densité de plantation de mes vignes est de 1 m sur 1.5 m. 80% du cépage de mon vignoble est du Chenin, le reste se répartit entre du Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, Gamay, Côt, Pinot noir, Pinot D’Aunis, Grolleau, Chardonnet, Sauvignon. Je presse 45 ha sur mon exploitation afin d’en faire un jus de raisin que je vends à la cave Maison Laudacius pour produire sous l’AOC Montlouis sur Loire. Je vinifie sur place les 5 ha restants afin de produire un vin premium labellisé Au Cœur des Sols.
Grâce à mon expérience de l’ACS en grandes cultures, je mets en place des couverts dans mes vignes depuis de nombreuses années. Ceux-ci travaillent naturellement le sol, entretiennent un milieu vivant en favorisant la vie microbiologique du sol et limitent l’évaporation de l’eau du sol l’été grâce à la couverture. C’est d’autant plus important que mes sols sont superficiels (il n’y a parfois que 20 cm) et assez sableux. Par ailleurs, je n’ai pas besoin d’ajouter de l’azote lors des étapes de vinification, c’est peut-être dû à la fertilité naturelle permise par la mise en place des couverts.
Jusqu’en 2018, je semais à la volée 200 kg/ha d’avoine avant les vendages que je désherbais chimiquement. Cette pratique fonctionnait très bien jusqu’à ce que la réglementation change et impose de ne pas désherber 40% de la surface. Avec des inter-rang assez étroits (1.5 m), l’avoine avait alors vite fait de se faire concurrencer par les adventices.
Mon voisin possède un semoir de SD à disques de 90 cm de large d’une marque espagnole dont le fonctionnement se rapproche de celui d’un 750A John Deere. Lorsque les conditions météos sont réunies, c’est-à-dire par temps sec, je lui emprunte pour semer un couvert multi-espèces composé par exemple d’avoine brésilienne, féverole, vesce, moha, fénugrec sur 4 rangs dans chaque inter-rang. Pour réussir le couvert et maximiser les bénéfices qu’il peut apporter, j’alterne les espèces, je double la densité de semis par rapport aux préconisations et je sème fin août – début septembre. Malheureusement par temps humide (comme ça a été le cas en 2024), les conditions sont trop poussantes et les espèces sauvages concurrencent trop fortement les espèces semées. Il vaut mieux ne rien faire dans ce cas. L’été dernier, j’ai assisté à une démonstration de semis avec un semoir de SD à dents de chez Simtec, habituellement utilisé pour régénérer les prairies. Ce type de semoir serait plus adapté aux conditions humides. Par ailleurs, même si je mets en place des couverts, je fertilise normalement mes vignes grâce à un engrais foliaire azoté, et ce dès les premiers traitements fongicides, afin d’éviter la concurrence entre le couvert et les vignes.
Côté gestion du couvert, je broie couvert, adventices et sarments à 3-4 cm de haut fin mars pour limiter les risques de gel printanier préjudiciable à la vigne. La végétation reprend ensuite et je laisse monter à graine pour rouler le couvert en 3 à 4 passages lors du rognage en juin, grâce à une sorte de rouleau faca composé de galettes indépendantes de 5 cm, le tout monté sur mon enjambeur. Le couvert peut faire alors jusqu’à 70 ou 80 cm de haut, et une fois roulé il forme un paillage qui protège le sol de l’évaporation durant l’été. Je continue à désherber chimiquement le rang.


Figure 8. Opération de roulage du couvert en juin (@ V. Denis).
Lorsque j’ai démarré en 1999, j’avais 6 ha de vigne, et grâce aux différentes reprises et plantations, j’en possède aujourd’hui 50 ha. Les plantations sont mécanisées, mais se font sans labour. J’apporte au préalable 150 t/ha de déchets verts et 80 t/ha de fumier de champignons, puis je décompacte sur 30 cm de profondeur. Ceci était nécessaire car les parcelles plantées n’étaient alors pas cultivées, il fallait les « réactiver ».
L’ACS mériterait d’être plus développée en viticulture, et un des points importants serait de favoriser les échanges de pratiques entre vignerons. »
Céline Basset, Laboratoire Equipe Sécurité Défense Renseignement (ESDR3c) – (CNAM Paris). Avec la participation de Quentin Lambert, Laboratoire d’Ecophysiologie végétale, Agronomie et Nutrition N.C.S. – UMR INRAE – UNICAEN 950 EVA – (Université de Caen Normandie).
Interview portant sur sa thèse intitulée « Sécurisation des sols : un enjeu stratégique pour la sécurité nationale à l’ère des perturbations mondiales – Contribution fonctionnelle du microbiote du sol aux dynamiques territoriales de transition agroécologique, de sécurité alimentaire et de gouvernance foncière face aux vulnérabilités systémiques des chaînes d’approvisionnement, aux pressions environnementales et aux enjeux de résilience des territoires et des populations en cas de crise
Expérimentation dans la Drôme sur un système agricole non-optimisé. »
Introduction
L’un des objectifs de mes travaux de recherche consiste à positionner le microbiote du sol, en tant que composante clé de la santé du sol, au centre des stratégies de résilience d’un territoire. Dans cet article nous nous centrerons exclusivement sur la partie science du sol de la thèse, à travers une expérimentation menée sur un parcellaire viticole en non travail du sol et non optimisé (sans engrais, ni pesticide, ni irrigation), situé au cœur de la Drôme provençale.
Contexte théorique et interdisciplinarité.
Mes travaux s’inscrivent dans la sécurisation des sols et les objectifs de la directive européenne relative à la surveillance et à la résilience des sols qui vise à établir un cadre harmonisé pour réaliser trois objectifs : (1) évaluer l’état de santé des sols, (2) prévenir leur dégradation et (3) promouvoir leur restauration. A travers cette directive, l’Europe s’invite donc dans les territoires des Etats membres afin de collecter des descripteurs de la dégradation des sols dont la biodiversité souterraine (microbiote du sol) fait partie.
Actuellement dans les pays industrialisés, huit facteurs principaux affectent les sols (l’érosion, l’acidification, la salinisation, la pollution, la perte de structure, l’imperméabilisation, la perte d’habitat et la perte de carbone) et ils entraînent une dégradation des sols provoquant une perte de leurs fonctionnalités qui a de fortes répercutions dans le secteur agricole. Au cœur des enjeux actuels, qu’ils soient économiques, sociétaux ou liés au temps, les fonctions du sol reposent sur le bon fonctionnement de son microbiote.
Les bâtisseurs invisibles d’une civilisation : les microorganismes et la microfaune constituent le microbiote du sol.
Le microbiote du sol (biodiversité souterraine) occupe une place centrale dans la santé des sols. Formant une véritable chaîne alimentaire souterraine (réseau trophique), ces micro-organismes jouent un rôle essentiel dans les fonctions du sol (structuration, infiltration et stockage de l'eau etc). Pour la productivité agricole et la qualité nutritionnelle des produits (pilier de la sécurité alimentaire), le microbiote du sol permet de rendre les nutriments accessibles aux plantes, la décomposition de la matière organique, la stimulation du système immunitaire végétal et la promotion de la croissance des plantes par des relations symbiotiques. Ce microbiote influence également le cycle du carbone et contribue à la régulation du climat en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Un microbiote diversifié et en bonne santé accroît la résilience du sol, des cultures et des élevages face aux stress environnementaux, qu’ils soient biotiques (maladies, parasites) ou abiotiques (canicules, pluies diluviennes).
Enjeu temporel : désynchronisation entre les délais régénératifs du sol et les besoins alimentaires.
Le sol est considéré comme une ressource finie à notre échelle temporelle. Les pratiques agroécologiques régénèrent le sol, mais en combien de temps ? Comment assurer la production et la rentabilité des exploitations tout en nourrissant 11 milliards d'habitants et en gardant les entreprises agricoles rentables et plus autonomes ? La pédogenèse est lente (milliers d’années), et ne correspond pas à l’accélération de la demande alimentaire.
La succession écologique et le développement des communautés du sol : Désynchronisation entre les besoins alimentaires et les délais régénératifs du sol et des écosystèmes (Basset, 2024)
Il existe une désynchronisation entre le temps de régénération des sols, la production alimentaire, les besoins en sécurité alimentaire et la rentabilité des cultivateurs. (Chang and Turner, 2019; De Vries et al., 2012; Walker et al., 2010; Zaragoza et al., 2021; Zhou et al., 2017)
Le facteur temporel revêt donc une importance majeure dans les stratégies de sécurité et de planification de la transition alimentaire, agricole et agroécologique aussi bien à l’échelle territoriale qu’au niveau national et international. Il est plus que jamais essentiel et urgent de préserver et d’autonomiser les hommes et les femmes du monde agricole, dans une perspective de souveraineté et de sécurité à la fois alimentaire et écologique.
L’objet des travaux de recherche
Dans la partie des travaux de recherche consacrés aux sciences du sol, un procédé de vermicompostage et de vermiremédiation est expérimenté chez une agricultrice. Pour rappel, le vermicompostage est un processus d’élevage de vers de terre (épigés) dans un habitat contrôlé. Contrairement aux techniques traditionnelles de vermicompostage ou lombricompostage, la technique de vermicompostage a été standardisée et vise d’une part à produire des microorganismes et une microfaune locale adaptés au milieu naturel du domaine (que j’ai nommé levain microbien du sol) et, d’autre part, à réintroduire ces organismes dans le sol des parcelles expérimentales.
Ainsi, la recherche a pour objectif d’élaborer et de proposer une stratégie visant à autonomiser les agriculteurs de manière à dépendre le moins possible des chaînes d’approvisionnement pour les intrants, restaurer les fonctions du sol, tout en intégrant des stratégies alternatives pour la fertilisation et la gestion des maladies.
Un parcellaire complexe et non optimisé
Le choix du vignoble s’est porté sur le fait que la viticultrice ne traitait plus ses vignes, ce qui avait permis une forte installation des phytopathogènes, avec un sol particulièrement dégradé et érodé, dans une région caractérisée par des terrains très calcaires et argileux.
Le parcellaire présente les caractéristiques suivantes : une topographie difficile (pente), une forte propension à l'érosion (éolienne et hydrique), un sol argileux-limoneux, tassé, très peu résistant au stress hydrique, une pression élevée de parasites et de maladies (proximité d'une forêt).
Avant la reprise des terres par l’actuelle agricultrice, le sol a été cultivé en grandes cultures céréalières en agriculture conventionnelle pendant 30 ans. Le vignoble a été installé il y a 15 ans, la conduite des parcelles a été en agriculture biologique pendant 6 années avant l’arrêt complet du travail du sol et l’arrêt définitif des traitements au cuivre et au souffre. Il n’y a donc aucune stratégie de gestion des maladies, ni de fertilisation et d’irrigation.
Les rangs et les inter-rangs ne sont pas travaillés et ils sont laissés couverts par la flore spontanée, plutôt que d’être ensemencé avec des couverts végétaux. La flore spontanée est régulièrement coupée et laissée sur place.
Essais
L'expérimentation a débuté en 2022 et vise à : (1) transmettre aux agriculteurs des connaissances sur la méthode standardisée de production de vermicompost, permettant de générer des micro-organismes du sol ; puis (2) appliquer des inocula au sol à l’automne et (3) à effectuer des traitements préventifs des vignes dès le débourrement, grâce à l'utilisation de pulvérisateurs. Cette démarche s'inspire de la méthode utilisée pour l'application du cuivre, sauf qu’il s’agit de microorganismes produits par l’agricultrice. Dans le cadre de cette expérimentation, nous avons limité les traitements à 4 applications par an, indépendamment des conditions météorologiques, afin de garantir une cohérence méthodologique académique. Néanmoins, dans un essai paysan, le nombre d'applications foliaires pourrait être ajusté uniquement en fonction de la pression météorologique, comme c’est le cas dans les essais que je mène avec le GIEE de viticulteurs d’Agribio Drôme26.
Ainsi le parcellaire agricole est divisé en 3 modalités :
- Contrôle : aucune intervention, sauf dans l’inter rang où l’herbe est coupée,
- Agroécologique selon la conduite agricole habituelle de l’agricultrice : gestion de l’inter-rang (herbe coupée), décompaction et ajout de matière organique (foin ligneux + paille sous le rang),
- Vermicompost : gestion de l’inter-rang (herbe coupée), décompaction, ajout de matière organique (foin ligneux + paille sous le rang), 4 inocula à l’automne et 4 traitements foliaires entre avril et juin par an. Les prise de décision pour faire les inocula est en lien avec le refroidissement des sols et des pluies alors que la conduite des traitements foliaires peut être proche de celle d’un cuivre.
Des résultats encourageants
La littérature scientifique et la présente expérimentation mettent en évidence l'efficacité des stratégies de vermicompostage pour (1) contribuer au rétablissement du microbiote du sol, (2) proposer des alternatives aux fertilisants, (3) restaurer les fonctions du sol et ses services, (4) fournir de potentielles alternatives pour la gestion des maladies afin d’arrêter les traitements phytosanitaires (tels que le cuivre et autres fongicides) (Alamer et al., 2022; Arancon et al., 2007; Basset, 2024; Benazzouk et al., 2020; Hussain et al., 2017; Mondal et al., 2021). La technique de vermicompostage a été standardisée et vise d’une part à produire des microorganismes et une microfaune locale adaptés au milieu naturel du domaine et, d’autre part, à réintroduire ces organismes dans le sol des parcelles expérimentales.
Les résultats préliminaires ont été présenté au congrès international du Centenaire des sciences du sol organisé par l’Union International des Sciences du Sol (IUSS) (Florence, Italie, p58, https://drive.google.com/file/d/1mcbITzR1wfY1b4vLAaceHAyg_y_K3vzq/view). Ils montrent sur l’année 2023 un effet significatif des traitements foliaires sur les vignes (Fig 3 et vidéo des parcelles, https://youtu.be/ZT6_T_udS8w?feature=shared), ce qui pourrait laisser envisager une possibilité de gestion alternative des maladies. Les effets des inocula au sol montrent une amélioration significative des capacités du sol à infiltrer l’eau (Fig 2.) et une plus grande pénétrabilité (Fig 1.). Les communautés microbiennes diffèrent significativement entre les modalités et à travers le temps. La présence de la microfaune (nématodes bactérivores et fongivores et microarthropodes) a été observée pour la première fois en 2024 dans la modalité vermicompost.


Retombées scientifiques
A termes, les objectifs sont multiples. Par exemple, dans le cadre de la restauration des sols, de l’arrêt du travail du sol et des produits phytosanitaires, les retombées s’appliquent directement dans le monde agricole avec pour objectif de tracer des voies permettant de réduire les coûts de production et les conflits d’usages liés à l’eau et au sol, tout en diminuant la dépendance du système agricole aux chaînes d’approvisionnement, grâce à une restauration des fonctions du sol.
Bibliographie
Alamer, K.H., Perveen, S., Khaliq, A., Zia Ul Haq, M., Ibrahim, M.U., Ijaz, B., 2022. Mitigation of Salinity Stress in Maize Seedlings by the Application of Vermicompost and Sorghum Water Extracts. Plants 11, 2548. https://doi.org/10.3390/plants11192548
Arancon, N.Q., Edwards, C.A., Yardim, E.N., Oliver, T.J., Byrne, R.J., Keeney, G., 2007. Suppression of two-spotted spider mite (Tetranychus urticae), mealy bug (Pseudococcus sp) and aphid (Myzus persicae) populations and damage by vermicomposts. Crop Protection 26, 29–39. https://doi.org/10.1016/j.cropro.2006.03.013
Basset, C., 2024. Soil security: The cornerstone of national security in an era of global disruptions. Soil Security 16, 100154. https://doi.org/10.1016/j.soisec.2024.100154
Benazzouk, S., Dobrev, P.I., Djazouli, Z.-E., Motyka, V., Lutts, S., 2020. Positive impact of vermicompost leachate on salt stress resistance in tomato (Solanum lycopersicum L.) at the seedling stage: a phytohormonal approach. Plant Soil 446, 145–162. https://doi.org/10.1007/s11104-019-04361-x
Chang, C.C., Turner, B.L., 2019. Ecological succession in a changing world. Journal of Ecology 107, 503–509. https://doi.org/10.1111/1365-2745.13132
De Vries, F.T., Liiri, M.E., Bjørnlund, L., Bowker, M.A., Christensen, S., Setälä, H.M., Bardgett, R.D., 2012. Land use alters the resistance and resilience of soil food webs to drought. Nature Clim Change 2, 276–280. https://doi.org/10.1038/nclimate1368
Hussain, N., Abbasi, T., Abbasi, S.A., 2017. Enhancement in the productivity of ladies finger (Abelmoschus esculentus) with concomitant pest control by the vermicompost of the weed salvinia (Salvinia molesta, Mitchell). Int J Recycl Org Waste Agricult 6, 335–343. https://doi.org/10.1007/s40093-017-0181-7
Mondal, S., Ghosh, S., Mukherjee, A., 2021. Application of biochar and vermicompost against the rice root-knot nematode (Meloidogyne graminicola): an eco-friendly approach in nematode management. J Plant Dis Prot 128, 819–829. https://doi.org/10.1007/s41348-021-00433-2
Walker, L.R., Wardle, D.A., Bardgett, R.D., Clarkson, B.D., 2010. The use of chronosequences in studies of ecological succession and soil development. Journal of Ecology 98, 725–736. https://doi.org/10.1111/j.1365-2745.2010.01664.x
Zaragoza, S.R., Eshel, G., Doniger, T., Sherman, C., Steinbergerc, Y., 2021. SOIL PROTISTS COMMUNITY COMPOSITION UNDER DIFFERENT VINEYARD FLOOR MANAGEMENT TYPE. IJAER 07, 584–597. https://doi.org/10.51193/IJAER.2021.7403
Zhou, Z., Wang, C., Jiang, L., Luo, Y., 2017. Trends in soil microbial communities during secondary succession. Soil Biology and Biochemistry 115, 92–99. https://doi.org/10.1016/j.soilbio.2017.08.014
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28/08/2024
45 - Construire un système bocager pour développer la biodiversité
46 - La gestion du gros gibier en Agriculture de Conservation des Sols
47 - Les couverts végétaux d’interculture et la gestion de l’enherbement – partie 2
48 - L’Agriculture de Conservation des Sols au service de la préservation des sols et de l’optimisation d’un élevage laitier.
49 - L’Agriculture de Conservation des Sols en viticulture