Publié le 28/04/2025Télécharger la version pdf





Explorer de nouveaux horizons en Agriculture de Conservation des Sols





Atelier de co-conception
entre agriculteurs ACS et AB_Ternois (62) 2023


Depuis le début de l’APAD, les agriculteurs ayant choisi le système de l’Agriculture de Conservation des Sols travaillent à l’amélioration de leurs pratiques face aux contraintes rencontrées ou pour améliorer toujours davantage les résultats environnementaux obtenus.
D’autres structures associatives, souvent de taille semblable à l’APAD, ont des objectifs similaires avec des adhérents sensibles aux mêmes préoccupations.  
Cet instant technique a pour objectifs de mettre en avant un programme ambitieux dans les Hauts de France : le projet ABAC qui permet de se faire rencontrer l’ACS et la Bio et qui vise à renforcer les actions d’expérimentations et faciliter les transferts techniques entre systèmes.    
2 présidents d’associations locales APAD nous présenteront également leur vision de ces partenariats en fonction de leurs opportunités.





ABAC, c’est quoi ? 


Depuis 2019, l’APAD 62, en partenariat avec Bio en Hauts-de-France et Fredon Hauts-de-France, explore à travers le projet ABAC une ambition forte : créer du dialogue et bâtir des ponts concrets entre Agriculture Biologique (AB) et Agriculture de Conservation des Sols (ACS). Deux visions agricoles parfois perçues comme opposées, mais qui partagent pourtant des objectifs communs : la préservation et la fertilité des sols et une prise de conscience de l’impact des herbicides et du travail du sol.



ABAC I (2019-2021) a ouvert la voie. Lancé dans un contexte politique questionnant la sortie du glyphosate, ce premier volet a posé les bases du projet en s’appuyant sur des retours d’expérience d’agriculteurs, l’analyse de matériels adaptés et l’expérimentation      d’itinéraires techniques alternatifs. Trente agriculteurs — en AB comme en ACS — se sont mobilisés pour échanger, identifier les freins et nourrir une réflexion collective. Certains, en ACS, ont saisi l’occasion pour tester des pratiques sans glyphosate ; d’autres, en AB, en ont profité pour réduire fortement le travail du sol afin de détruire des praires ou des luzernières par exemple.  C’est dans cette tension fertile qu’ABAC a trouvé tout son sens.

ABAC II (2022-2024) a approfondi cette dynamique en la transposant concrètement sur le terrain. Il a permis la mise en place d’une parcelle pluriannuelle dédiée, hébergée chez un agriculteur, pour tester sur la durée des systèmes de culture disruptifs : Techniques Culturales Simplifiées (TCS), strip-till et semis direct en AB. L’idée ? Pousser la rupture le plus loin possible pour faire émerger de nouveaux leviers techniques, parfois inattendus. En parallèle, des suivis annuels sur d'autres fermes ont ancré les essais dans les réalités quotidiennes du terrain. ABAC II, c’est aussi le maintien du lien avec les agriculteurs dans l’évolution de leurs systèmes, et la volonté constante de produire des références utiles, adaptées et diffusables. 


ABAC III (2025-2027) prend désormais le relais avec une orientation claire : accélérer l’innovation agronomique pour concilier la réduction du travail du sol et les impasses d’utilisation d’herbicides. Une démarche audacieuse, mais nécessaire pour répondre aux défis climatiques, à l’érosion des sols et aux attentes croissantes des filières et de la société. L’ambition est double : d’une part, poursuivre l’expérimentation de ces approches de rupture grâce à une parcelle dédiée dans le Pas-de-Calais testant plusieurs modalités (TCS, strip-till, semis direct en AB) et des essais annuels ou pluriannuels chez des agriculteurs, essais annuels ou pluriannuels chez des agriculteurs,

Rencontres nationales de l'ABC 2025 - Calais.

reposant sur un dispositif factoriel et une caractérisation fine des expériences de terrain ; d’autre part, intensifier la diffusion des connaissances et des pratiques via des événements techniques, des formations, des ateliers de co-conception entre agriculteurs AB et ACS, et l’organisation des Rencontres Nationales de l’ABC en janvier 2025. En s’appuyant sur un réseau actif d’agriculteurs, de techniciens et d’experts, ce 3ème volet vise à consolider la résilience des systèmes agricoles, identifier des leviers techniques innovants, produire des références concrètes et transférables, et structurer une dynamique collective autour de l’ABC dans les Hauts-de-France.

Les partenaires du projet bénéficient du soutien financier de plusieurs institutions : l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, la Région Hauts-de-France et la DRAAF Hauts-de-France, dans le cadre de l’appel à projets « Accompagnement à la territorialisation de la stratégie Écophyto 2024 ».





Une plateforme d’essai pluriannuelle depuis 2022 : tester sur la durée des systèmes disruptifs en vue de gérer l’enherbement sans travail du sol et sans herbicides. 



L’essai est conduit sur une parcelle en bio depuis 2022, située à Bazinghen (62), sur une ferme en polyculture-élevage certifiée bio depuis 2016. Le sol est un limon argileux, avec des argiles gonflantes, drainé, avec 4,7 % de MO, un potentiel de rendement bio estimé de la parcelle à 40 qtx/ha, une pluviométrie moyenne annuelle de 2020 à 2024 de 1 167mm et une flore adventice problématique de Ray Grass. 

Depuis 2022, 3 systèmes ont été testés, sans aucun apport de fertilisation (pour ne pas favoriser le ray-grass) :

●    TCS : travail superficiel du sol avec désherbage mécanique,
●    Strip-till : travail localisé sur le rang de semis,
●    Semis direct : sans aucun travail du sol, sans produits phytosanitaires ni désherbage mécanique.


L’essai est structuré en 3 répétitions spatiales et une répétition temporelle pour en assurer la robustesse avec des conditions à respecter : des choix de cultures à valeur ajoutée, absence de légumes racines dans un premier temps, une couverture maximale du sol, une possibilité de cultures de rente ou fourragères, une non prise en compte du volet économique dans un premier temps pour s’enlever certains verrous. Les suivis qui y sont réalisés : 

●    Flore adventice (densité, biomasse)
●    Cultures et couverts végétaux (levée, rendement)
●    Analyses de sol
●    Itinéraires techniques


Le matériel mobilisé comprend notamment une bineuse à disques (Roll’N’Sem Orbis – qui a offert des résultats intéressant dans la gestion des ray-grass), un semoir à double disques (Weaving GD6000T), un semoir à dents avec T inversé (Simtech T SEM 300), un semoir typé TCS (Vaderstaad Rapid 300), et une fraise rotavator, chacun adapté à une approche spécifique du travail du sol ou de l’implantation. 

  

 
Figure 3: Projet ABAC II,N.Delattre BIO HDF.


Ci-dessus, les rotations théoriques qui étaient initialement prévues dans le projet ABAC II. La Rotation 2 a été conçue comme une répétition temporelle de la Rotation 1, afin d’évaluer les mêmes systèmes et techniques dans deux contextes climatiques différents. En pratique, peu d'entre elles ont pu être respectées comme prévu : dans chaque système, des adaptations ont été nécessaires pour faire face aux contraintes rencontrées sur le terrain. Les principales difficultés identifiées sont liées aux conditions climatiques (pluviométrie, températures), à une pression importante de ravageurs (altises, limaces, cécidomyies), à un choix variétal restreint en agriculture biologique, ainsi qu'à une évolution rapide et difficilement contrôlable de la flore adventice. Pour répondre à ces défis, plusieurs leviers ont été mobilisés : réajustement des rotations, mise en place de couverts végétaux denses, associations culturales, binage ciblé sans travail du sol, et utilisation ponctuelle d'outils mécaniques comme la fraise rotavator, grâce à l'expérience acquise avec les producteurs et les projets antérieurs. Les cultures récoltées jusqu’à présent incluent principalement des céréales, seules ou associées, telles que le sarrasin, le colza ou le blé avec des féveroles.
 
En plus des partenaires, le projet s’appuie également sur un Comité Scientifique, composé de l’INRAE, Arvalis – Institut du Végétal, ECODYN, Greenotech, le CRAW et d’agriculteurs des différents réseaux, permettant d’aiguiller ou de conforter dans la prise de décision et l’orientation des essais.






Les données climatiques ci-dessus soulignent l’originalité du contexte pédoclimatique de la parcelle. Avec une moyenne de plus de 1 100 mm de pluie sur les 5 dernières années, la parcelle est dans un secteur particulier alors que sur le territoire picard, plus au sud, autour d’Amiens, la pluviométrie annuelle avoisinant les 700 mm. L’année 2024 illustre bien cette variabilité, avec un ensoleillement très faible qui a fortement réduit les fenêtres d’intervention. Ces conditions météo un peu extrêmes, marquées par des épisodes pluvieux importants, impose une adaptation constante du plan d’action.


Un développement de Ray-Grass dès les premiers semis 

Une explosion de Ray-Grass a été constatée depuis le début dans l’ensemble des micro-parcelles. Les histogrammes montrent le nb de pieds de RG/m2. La part verte des diagrammes circulaires représente quant à elle la proportion de ray-grass par rapport aux autres adventices. 

Globalement sur l’ensemble des modalités la part des graminées est très importante dans la flore adventice, allant de 65 % à 96 % avec principalement des ray-grass anglais, paturin et d’agrostis stolinifère. Cette dernière se développe depuis 2 campagnes dans la parcelle. C’est une graminée vivace traçante qui se plaît dans des sols hydromorphes, avec des stolons rampants, sa gestion peut devenir problématique surtout dans les modalités sans travail du sol. L’objectif étant d’être dans une gestion par les plantes grâce à une compétition végétale comme des associations de cultures (triticale-pois) ou des couverts très couvrants. Au niveau des dicotylédones, on retrouve une flore adventice d’helminthie fausse viperie, plantain majeur, chardon des champs et rumex par zone. 

Vous l’aurez compris, les partenaires du projet, rempilent la poursuite de ces travaux menés au sein d’un nouveau volet du projet ABAC (2025-2027), avec cette plateforme pluriannuelle et des essais annuels. 




Gérer l’enherbement à l’aide d’un couvert vivant : retour sur l’essai annuel 2022-2023 chez un agriculteur en AB, adhérent de l’APAD 62


Sur le 2ème volet du projet, une expérimentation conduite en 2022-2023 sur une parcelle de triticale en Agriculture Biologique à Maretz (59) visait à évaluer l’impact de couverts vivants sur la gestion des adventices, sans herbicide ni travail du sol. 6 modalités ont été testées, combinant semis de triticale à l’automne et couvert semé à l’automne ou au printemps. Le triticale a été implanté en non labour : scalpage à disque, faux semis et semé au semoir Alpego. 

Modalité 1 Triticale à 350gr/m2 + couvert multi-espèces à 14kg/ha dans l’inter-rang



Modalité 4 2023.06.06, Trèfle à l’automne
​​​​​​​(Triticale + trèfle à 20 kg/ha)

Modalité 5 2023.06.06, Trèfle au printemps
(Triticale + trèfle à 15 kg/ha)




Modalités testées : Le dispositif comprenait 5 bandes de 120 m de long et 12 m de large (env. 1440 m²) avec différents mélanges de couverts (multi-espèces ou du trèfle d’Alexandrie en pur). Les 2 premières modalités (M1 et M2) avaient pour objectif de tester le principe de double culture et de venir implanter des betteraves sucrières ou rouges en inter-rang de la céréale. Ce qui aurait permis de réduire le travail du sol pour la culture de la betterave mais aussi la part du désherbage mécanique. Malheureusement à cause des conditions climatiques cela n’a pas pu être testé. Une modalité “Agriculteur” sans couvert servait de référence.

Figure  SEQ Figure \* ARABIC 5: projet ABACII_FREDON HDF


Densité des adventices : les modalités avec couvert d’automne ont permis de stabiliser la densité des adventices en sortie d’hiver, mais celles-ci ont repris un développement plus marqué à la floraison.


Certaines modalités (mod. 1 et agri) présentaient une biomasse adventice moins importante, sans pour autant gêner significativement la culture ; les modalités avec couverts présentaient une biomasse d’adventice plus faible, suggérant un effet de concurrence précoce, notamment racinaire.

Ces premiers résultats, bien que non statistiquement analysés, montrent qu’il est possible de gérer l’enherbement en AB sans travail du sol à l’aide de couverts vivants, mais cela dépend fortement du contexte pédoclimatique, du choix des espèces et de la technicité du semis (inter-rang, destruction, implantation rapide...). Des pistes d’amélioration sont en cours pour adapter le matériel et les itinéraires.




Optimiser la gestion d’un couvert pluriannuel dans une céréale : essai annuel 2023-2024 chez un agriculteur en ACS, adhérent de l’APAD Picardie


L’essai annuel au cours de la campagne 2023-2024 a été conduit sur une parcelle en blé tendre d’hiver située à Ailly-sur-Noye (80), conduite en ACS, sans labour depuis plusieurs années. Le précédent cultural était un tournesol semé au printemps 2023 et associé avec du sainfoin implanté pour couvrir l’inter-rang. Ce sainfoin, légumineuse pérenne, a été conservé à l’implantation du blé en semis direct à l’automne 2023. L’objectif de l’essai est d’évaluer l’impact concurrentiel vis-à-vis des adventices de l’utilisation de sainfoin, associé ou non à d’autres espèces comme plantes compagnes d’un blé d’hiver. 


(Vous pouvez retrouver le témoignage de cet agriculteur de l’APAD sur sa pratique de semis de blé en      SD en couvert pluriannuel, instant technique « le blé dans la rotation » de juin 2023. : https://apad.asso.fr/instant-technique-06-2023 )


L’essai comprenait 6 modalités de 150m2 implantées sur la parcelle :

●    Agri 1 : Blé + Sainfoin, avec désherbage chimique
●    Agri 2 : Blé + Sainfoin + lentille de printemps, avec désherbage chimique
●    ABAC 1 : Blé + Sainfoin, sans utilisation d’herbicides 
●    ABAC 2 : Blé + Sainfoin + Cameline (semis à la volée), sans utilisation d’herbicides
●    ABAC 3 : Blé + Sainfoin + lentille de printemps (semis à la volée), sans utilisation d’herbicides
●    ABAC 4 : Blé + Sainfoin, avec désherbage mécanique

L’objectif du semis des cultures à la volée était de venir occuper l’espace le temps que le blé et le sainfoin démarrent afin de limiter le développement des adventices. 


Figure 7: ABAC II_FREDON HDF_Évolution de la flore entre novembre 2023 et février 2024 (en nombre/m2)





Ce qu’il faut retenir : 

●    Les herbicides ont eu un impact très nettement défavorable sur les sainfoins qui ont entièrement disparu au cours du printemps.
●    La lentille de printemps n’a elle non plus pas supporté les désherbages de l’agriculteur, quelques sainfoins ont cependant perduré dans cette modalité.
●    Dans l’ensemble, les modalités sont toutes restées peu enherbées à l’exception de quelques coquelicots, séneçons et repousses de tournesol (qui n’ont pas supporté l’hiver). La modalité ABAC 1 a cependant présenté quelques ronds de laitues vireuses. Cette observation, couplée à un nombre de sainfoins par mètre carré élevé, de l’ordre de 18 pieds, explique les pertes de rendement mesurées.
●    La cameline n’a pas levé, il n’est donc pas possible d’évaluer son intérêt dans l’association blé-sainfoin. On notera que la modalité ABAC 2 présente elle aussi un nombre de sainfoins élevé (14 pieds) et des pertes de rendements comparativement aux modalités ABAC 3 et ABAC 4. On peut donc émettre l’hypothèse qu’une densité trop élevée de sainfoin pourrait exercer une concurrence sur la graminée cultivée.
●    La lentille de printemps avait une faible densité de levée liée à une pression de pigeon au moment du semis et a souffert du gel pendant l’hiver ce qu’il l’a fait disparaître.
●    En raison de conditions climatiques défavorables puis d’un développement rapide du sainfoin, il n’a pas été possible de tester le passage d’outils de désherbage mécanique au printemps pour gérer son développement.





Témoignage de Marc Lefebvre, agriculteur à Guînes (62) en ACS depuis plus de 20 ans, premier président de l’APAD 62 et à l’initiative du projet ABAC

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La collaboration entre Bio en Hauts-de-France et l’APAD 62 s’est construite progressivement. Elle a débuté durant notre projet CASDAR, période durant laquelle les acteurs de la Bio ont commencé à s’intéresser aux travaux menés en Agriculture de Conservation des Sols (ACS). Cela a permis une première prise de contact et une connaissance mutuelle.


Les agriculteurs en Agriculture Biologique faisaient face à plusieurs problématiques :

●    Gestion durable de la fertilité des sols
●    Lutte contre l’érosion
●    Réflexions sur la réduction du travail du sol

Ces enjeux les ont naturellement amenés à explorer les pratiques développées en ACS. De leur côté, les agriculteurs en ACS ont identifié plusieurs domaines d’apprentissage auprès des bios, notamment :

●    La gestion de la couverture végétale et des associations culturales
●    Les pratiques de fertilisation avec des engrais organiques dits « boosters »
●    La gestion de l’enherbement, avec des problématiques d’adventices différentes selon les systèmes

Pour moi, un point fondamental pour le succès d’une collaboration est la définition d’un objectif partagé, compris et accepté par tous :
Dans le premier projet ABAC, les règles étaient asymétriques : se passer du glyphosate pour les ACistes, et une réduction du travail du sol pour les bios – cette dernière notion étant interprétée de manière très variable.
Dans le deuxième projet, un objectif commun plus ambitieux et équilibré a été fixé : zéro herbicide et zéro travail du sol. Cela a permis de travailler « à armes égales » et de renforcer la cohérence du projet. C’est ça que j'appellerais de l’ABC et clairement, on ne sait pas faire aujourd’hui !

Globalement, c’est un chantier immense qu’il faut parvenir à découper en plus petites étapes plus atteignables pour ne pas se décourager !
ABAC nous a permis d’explorer l’utilisation d’outils mécaniques innovants et prometteurs comme l’Orbis de Roll N Sem, qui détruit les couverts végétaux sans travail du sol, ouvrant de nouvelles perspectives en ACS et Bio.
Avec le projet SOLiflore aussi, on a réussi à gérer des intercultures sans herbicide ni travail du sol sous certaines conditions.

Dans ma vision, c’est vraiment la plante qui doit être la solution pour combiner l’ACS et AB.
Évidemment, il y a pleins de défis et ce projet est loin d’être parfait. Pour ne citer qu’une partie de nos réflexions : un lieu d’expérimentation est toujours unique et peine à être représentatif des systèmes agricoles de la majorité, quand on réfléchit à de nouvelles cultures à mettre en rotation, on se colle à d’autres difficultés de débouchés par exemple…

Ce type de projet renforce la crédibilité politique auprès des financeurs, même si les résultats techniques sont encore en construction. Il reflète une volonté d’expérimentation, d’apprentissage mutuel, et de construction collective entre deux mondes agricoles longtemps perçus comme opposés.​​​​​​​

Témoignage de Jean-Christophe Alibert, président de Clac sol








Depuis 2023, un groupe d’échange s’est constitué entre agriculteurs en ACS et en AB autour d’une thématique centrale : la résilience des sols. L’objectif est de favoriser le dialogue entre ces deux formes d’agriculture qui, bien que divergentes dans leurs pratiques, partagent une même ambition : mettre en place des pratiques agroécologiques plus résilientes pour préserver les sols et l’environnement.


Ainsi, Bio 46, le groupement des agriculteurs bio du Lot, et Clac Sol organisent régulièrement des rencontres en salle ou sur le terrain pour confronter leurs expériences. Les thématiques abordés tournent autour des couverts végétaux, du fonctionnement du sol et ses interactions avec la plante, le semis, le désherbage, la fertilisation… C’est un programme jalonné d’échanges sur le terrain, d’interventions d’experts, de démonstrations de matériel, de participations à des salons et de restitutions d’essais menés sur plusieurs plateformes. 


Bien sûr les fermes en bio ne sont pas en ACS strict, car elles ont recours au travail du sol pour gérer l’enherbement et la destruction des couverts, mais nous avons tout à gagner à échanger sur nos pratiques, nos problématiques pour trouver des solutions originales qui conviennent à nos systèmes.

Nous n’utilisons pas les mêmes outils mais ces échanges nous apportent des solutions auxquelles nous n’avions pas pensé ou que nous n’avions pas osé mettre en place jusqu’à présent.  C’est aussi une façon de nous ouvrir à d’autres agriculteurs et d’apporter une dynamique associative.​​​​​​​

Témoignage  de Cédric Boivineau, président de l’APAD Centre Atlantique

​​​​​​​Au sein de l’APAD Centre Atlantique nous réfléchissons à travailler davantage avec d’autres structures agricoles ayant le même statut associatif que nous. Il y a plusieurs raisons à cela.

 La première est qu’il est important d’apporter du complément à ce que nous proposons déjà par une ouverture à d’autres réalités techniques.  C’est l’occasion de rencontrer des agriculteurs dans d’autres systèmes.


La deuxième raison est que les systèmes alternatifs comme l’ACS, le bio ou le pâturage ne représentent pas beaucoup d'agriculteurs en France. Il est nécessaire d'être unis pour avancer.
Enfin, troisième raison, tous les agriculteurs de nos réseaux veulent des solutions à leur problématique et des nouvelles sources d'innovation. Ce n'est pas la filière qui trouve ces solutions mais ce sont les agriculteurs eux-mêmes : nos adhérents sont très pragmatiques et peuvent aller chercher les solutions dans d'autres systèmes. A nous, responsables associatifs, de réaliser la même chose en échangeant avec ces autres structures associatives pour faciliter ces échanges. 


La première condition pour que ces échanges fonctionnent est bien sûr l'ouverture à l'autre. C'est souvent une personne pionnière dans son système qui va nous permettre d'avancer ou de trouver des idées innovantes. A chacun d’être curieux, sans a priori, de ces pionniers qui ne font pas forcément beaucoup parler d’eux. 


La deuxième condition est qu'il faut se mettre d'accord sur des thématiques à aborder. Chaque structure devrait garder sa spécificité. Par exemple l’APAD garde tout ce qui concerne l'agriculture de conservation des sols et l'agronomie ; le GRAPEA - CIVAM garde sa spécificité sur tout ce qui est gestion du pâturage et des prairies ; le GAB conserve tout ce qui concerne l'agriculture biologique : il faut éviter au maximum de marcher sur les plates-bandes de l'autre au risque de ne plus pouvoir collaborer. 


Enfin la troisième règle est que nous devons être dans la bienveillance réciproque et de la confiance dans nos propos pour que nous ayons envie de progresser sans avoir peur d’être jugé. L'objectif est bien de trouver des alternatives techniques aux problématiques rencontrées et nous améliorer réciproquement.



Article écrit par le comité technique de l’APAD.
Si vous souhaitez réagir ou poser des questions sur cet article, envoyer un mail à :
comite.technique.apad@gmail.com























Tous les instants techniques :

1 - Le semis de colza
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5 - Innovation & ACS
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6 - La fertilisation en ACS
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8 - La culture du tournesol
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9 - Les couverts d’été (partie 1)
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15 - Résultats d’essais en ACS du réseau APAD
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21/02/2022

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18 - Semis des prairies sous couvert en ACS
16/03/2022

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19 - Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique
14/04/2022

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20 - La gestion de l'eau
18/05/2022

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21 - La gestion du parasitisme en ACS
17/06/2022

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22 - L’innovation permanente en ACS et le lien aux animaux
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23 - Analyser l’année culturale pour apprendre
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31 - Améliorer le bilan carbone de sa ferme
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25/07/2023

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45 - Construire un système bocager pour développer la biodiversité

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47 - Les couverts végétaux d’interculture et la gestion de l’enherbement – partie 2

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48 - L’Agriculture de Conservation des Sols au service de la préservation des sols et de l’optimisation d’un élevage laitier.

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49 - L’Agriculture de Conservation des Sols en viticulture

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50 - Le potentiel d'oxydo-réduction (redox) : un indicateur clé de la santé du sol et des plantes

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51 - Les microorganismes du sol à multiplier soi-même : un plus pour l’Agriculture de Conservation des Sols ?

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52 - Explorer de nouveaux horizons en Agriculture de Conservation des Sols

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